Punitions corporelles et Apocalypse: le quotidien de la secte “Tabitha’s Place”

17/06/2015 à 08h06 Mis à jour le 17/06/2015 à 08h11

D’inspiration chrétienne, cette secte a fait l’objet d’une vaste opération de police mardi. Les punitions corporelles, la déscolarisation, le refus de soins médicaux et le travail dissimulé y étaient monnaie courante, jusqu’à l’a mort d’un nourrisson en 1997. Mais de quelles dérives parle-t-on exactement?

Les sectes apocalyptiques ne font pas semblant de croire à la fins des temps et au jugement dernier. L’une d’entre elles, Tabitha’s Place, encore appelée “Les 12 tribus”, est une émanation du mouvement américain Northeast Kingdom Community basé dans le Vermont, a fait l’objet mardi d’une vaste opération de police. Cette communauté installée dans un manoir du village de Sus, près de Pau, compterait quelque 120 membres.

Fondamentalistes, les adeptes suivent les préceptes bibliques au pied de la lettre. “Tout le problème est de préparer les enfants à être dans l’Apocalypse, la fiancée de Dieu, une sorte d’humanité supérieure. Les enfants sont enfermés, claustrés, soumis à une éducation spéciale, mais aussi à des sévices corporels”, résume auprès de BFTMV Jean-François Colosimo, philosophe et spécialiste des religions.

Des faits présumés très graves que le procureur de la République de Pau Jean-Christophe Muller a traduit, mardi, en termes juridiques: “Abus de vulnérabilité dans le cadre d’un mouvement à caractère sectaire, violences sur mineurs concernant les conditions d’éducation, travail dissimulé et d’enfants”, résumait le procureur de la République de Pau Jean-Christophe Muller. Mardi soir, dix personnes étaient placées en garde à vue.

Violences physiques et psychologiques sur des enfants

Selon la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), “les punitions physiques sont réglementées et graduées” au sein de la secte, avec des coups de baguette d’osier ou de règle sur différentes parties du corps. Pour justifier ces violences, les adeptes invoquent un verset de la Bible: “La folie est liée au cœur des enfants; le bâton qui les châtie les en éloignera”.

Concrètement, la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) précise que les enfants sont levés à 6 heures du matin et reçoivent un enseignement toute la matinée. L’après-midi, ils travaillent avec leurs parents. Ils n’ont pas le droit de jouer, les jouets étant l’œuvre du diable”. En 2006, une mission parlementaire composée des députés Brad, Vuilque Geste et Fenech s’était rendue sur place, mais n’avait relevé aucune maltraitance physique. Ils s’étaient en revanche rendus à cette évidence qu’aucun des dix-huit enfants alors présentés ne connaissaient rien du monde extérieur.

En mars 2002, 19 membres de Tabitha’s Place avaient été condamnés par la Cour d’appel de Pau pour “soustraction aux obligations légales des parents”, notamment refus de scolarisation et de vaccination de leurs enfants. En 1997, un enfant de 19 mois y était décédé faute d’alimentation et de soins. Ses parents ont été condamnés à douze ans de réclusion criminelle.

Vivre comme les premiers chrétiens

Les adeptes majeurs veulent pour leur part retrouver la vie que menaient les chrétiens du 1er siècle. Ainsi prennent-ils des noms hébreux qui la communauté leur a donné se fondant sur un trait de caractère du sujet. Ils exploitent à Sus des terres agricoles, à la fois pour vivre en autarcie, mais aussi pour vendre des fruits et des légumes récoltés. Faisant aussi abstraction des lois en vigueur dans notre société ils sont, concernant cette activité, soupçonnés de travail dissimulé, de fraude aux prestations sociales, de blanchiment de fraude fiscale.

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