Sus (64) : une nouvelle enquête sur la communauté Tabitha’s Place
Source: Sud-Ouest: -19 novembre 2013- Une nouvelle enquete sur la communaute de Tabitha’s Place
Elle porte sur des soupçons de travail dissimulé et de manquements à l’obligation de scolarisation d’enfants vivant dans le château loué par la communauté
Lundi, une dizaine de gendarmes de la compagnie d’Oloron et des agents de l’Inspection du travail sont intervenus à Sus, au sein de la communauté Tabitha’s Place, classée comme sectaire par la Miviludes (1). Une information de “France Bleu Béarn” confirmée par le parquet.
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Cette visite surprise s’inscrit dans le cadre d’une « enquête préliminaire ouverte voilà quelques semaines pour travail dissimulé et manquement à l’obligation de scolarisation des enfants », précise le procureur Jean-Christophe Muller. Elle n’a toutefois débouché sur aucune interpellation.
Quel est le point de départ de ces nouvelles investigations ? La justice reste discrète sur le sujet. Comme les membres de Tabitha’s Place, qui n’ont pas souhaité s’exprimer.
Actuellement, selon le maire de Sus, « entre 90 et 120 personnes » vivraient au château loué par la secte depuis 1983. En septembre, 26 enfants de moins de 16 ans ont été déclarés à la mairie, comme faisant l’objet d’une instruction à domicile, ce qu’autorise la loi. Une possibilité érigée en norme dans cette communauté qui rejette la scolarisation et a déjà eu affaire à la justice à plusieurs reprises sur ce point.
Une nouvelle procédure est d’ailleurs en cours devant le tribunal administratif de Pau, suite à une injonction de l’Inspection académique d’inscrire à l’école 25 enfants, au printemps. Injonction qui découle de tests d’évaluation de leur niveau de connaissances au cours desquels d’importantes carences auraient été relevées. « Nous contestons l’organisation des contrôles et avons obtenu gain de cause en référé. Le tribunal administratif ayant suspendu la décision de l’inspection académique, les enfants ont poursuivi leur instruction à domicile à la rentrée. L’affaire doit maintenant être examinée au fond », explique Me Selles, l’avocat de Tabitha’s Place, qui avait déjà fait annuler une décision similaire, en 2011, pour cinq enfants. L’intervention de l’Inspection académique est-elle à l’origine de l’enquête pénale ? Une chose est sûre : un signalement a été adressé au parquet.
Lequel s’intéresse également aux conditions d’emploi de membres de la communauté. Jusqu’en 2011, ses activités commerciales – vente de pain et produits biologiques sur des marchés et travaux de bâtiment – étaient regroupées dans une SARL dénommée « Ruben and Brothers ». Une société aujourd’hui dissoute. « D’autres auraient vu le jour », assure un connaisseur du dossier. « Mes clients ne roulent pas sur l’or, affirme Me Selles. Ils ne sont d’ailleurs propriétaires de rien. »
(1) Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.