Mort d’un bébé : Tabitha’s Place sur le banc des accusés-23 Octobre 2001

AFP, 23 octobre 2001

[Texte intégral]

 

TARBES, 23 oct (AFP) – La cour d’assises des Hautes-Pyrénées s’est penchée mardi sur les conditions de vie au sein de la secte Tabitha’s Place, dont deux membres, Michel et Dagmar Ginhoux, sont jugés depuis lundi en appel pour avoir laissé mourir leur enfant de 19 mois faute de soins. Ancien membre de cette secte d’origine américaine, Patrick Nicolaï, 38 ans, est venu dénoncer à la barre les “choses inacceptables” qui, selon lui, faisaient le quotidien des enfants au sein de la communauté de l’ordre apostolique Tabitha’s Place, à Sus (Pyrénées-Atlantiques). “Il se passait des choses inacceptables. Les enfants de la communauté étaient corrigés avec une baguette enduite d’huile”, a expliqué le témoin. “On nous a fait comprendre que l’aide médicale extérieure était interdite”, a-t-il poursuivi, expliquant que sa femme avait été victime d’un début d’infection après s’être fait soigner une carie par un membre de la secte. “Je vivais là dans une sorte de prison”, a conclu M. Nicolaï. “On était pas libre, on aurait dit qu’il y avait des caméras partout”.

 

Un témoignage vivement contesté par l’un des responsables de la communauté. Contraint à témoigner par un mandat d’amener délivré par la présidente de la Cour, Olivier Lambert, 42 ans, a assuré qu’il n’était “pas opposé à la médecine”. “On est d’avantage basé sur une vie saine, sur la morale”, a-t-il poursuivi. “Nous aimons nos enfants, nous ne les frappons pas, cela est faux”.

 

Sollicités par la présidente, Françoise Pons, les époux Ginhoux ont répété qu’ils n’avaient subi “aucune pression” et que les autres membres de la secte ne les avaient pas empêché de consulter un médecin pour leur fils, qui souffrait d’une malformation cardiaque. Reconnus coupables de “privation d’aliments et de soins ayant entraîné la mort”, les époux Ginhoux avaient été condamnés en première instance par la cour d’assises des Pyrénées-Atlantiques à six ans de prison. Suite des débats mercredi.