Quarante-huit heures après le vaste coup de filet dans la secte Tabitha’s Place, dix responsables de cette communauté, placés en garde à vue, ont été remis en liberté a fait savoir, jeudi, le procureur de la République de Pau (Pyrénées-Atlantiques), Jean-Christophe Muller. Leurs déclarations aux enquêteurs vont à présent être analysées et confrontées, a-t-il précisé.
Depuis plus d’un an, cette secte, dont une partie de ses membres vit dans un manoir dans le village de Sus, est sous le coup d’une information judiciaire à la suite de renseignements donnés par un ancien membre. Les enquêteurs s’intéressent aux conditions de vie des enfants qui seraient notamment victimes de châtiments corporels qui sont monnaie courante dans cette secte. «Les punitions physiques sont réglementées et graduées», avec des coups de baguette d’osier ou de règle sur différentes parties du corps décrit la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).
Un juge pour enfants saisi
Plusieurs enfants présents dans cette communauté, qui compte plus d’une centaine de membres dont une cinquantaine de mineurs, ont également été auditionnés et examinés par des médecins. Quatre d’entre eux, frères et sœurs d’une même famille âgés de 18 mois à 13 ans, ont été placés provisoirement auprès des services sociaux du conseil départemental après la découverte de «traces récentes de corrections physiques», un mode d’éducation dont se revendique la secte qui affirme appliquer strictement les préceptes de la Bible.
Le procureur de Pau a annoncé qu’il allait saisir le juge des enfants pour ces quatre enfants placés, ainsi que pour d’autres «susceptibles d’avoir été victimes de violences et qui en tout état de cause ne reçoivent pas une éducation conforme à leur intérêt».
Ce n’est pas la première fois que les adeptes de Tabitha’s Place sont visés par la justice. Certains ont déjà fait l’objet de condamnations. Les parents d’un enfant de 19 mois, mort en 1997 à cause de privation de nourriture et de soins, ont été condamnés en octobre 2001 à douze ans de réclusion criminelle et dix ans de privation de droits civiques et familiaux par la cour d’assises d’appel des Hautes-Pyrénées. En mars 2002, dix-neuf membres de cette communauté avaient été condamnés par la cour d’appel de Pau pour «soustraction aux obligations légales des parents», notamment la scolarisation et la vaccination des enfants.