La secte Tabitha’s Place installée à Sus depuis 40 ans annonce son départ

Source: France Bleu.fr 

par Yannick Damont

La communauté Tabitha’s Place vivait recluse à Sus depuis 1983. Ses adeptes annoncent dans un tract leur départ face aux difficultés à poursuivre en France leur mode de vie en accord avec leurs croyances.

La secte Tabitha's Place annonce quitter son implantation béarnaise à Sus.
La secte Tabitha’s Place annonce quitter son implantation béarnaise à Sus. © Maxppp - Michel Labonne/ DEPECHE DU MIDI

La communauté Tabitha’s Place de Sus était la seule en France. Elle vivait en partie recluse dans ce coin du Béarn, près de Navarrenx, depuis 1983. Elle avait investi un manoir puis construit un imposant chalet communautaire. Elle aurait compté jusqu’à plus d’une centaine d’adeptes.La secte Tabitha’s place a une fois de plus été jugée par défaut au tribunal de Pau. Dix membres de la communauté installée à Sus étaient poursuivis ce jeudi pour avoir donné des cours à des enfants alors qu’ils n’en avaient pas le droit en 2019 et 2020. Il ne s’agit ni d’un établissement scolaire légal ni de cours à domicile en bonne et due forme. Encore une fois, ces dix prévenus n’étaient pas là alors qu’ils avaient précisément demandé à être rejugés parce qu’ils n’avaient pas pu être là quand ils ont été condamnés en juin 2021.

Scolarité au sein de la communauté entre 3 et 16 ans, sans mixité

Leur avocate Me Isabelle Fitas a précisé qu’elles ne savaient pas où ses clients se trouvaient. Elle a rappelé qu’ils avaient le droit de faire opposition et qu’ils avaient parlé à travers sa voix : “L’arrivée de cette communauté a gêné et on a cherché par tous les moyens a accéléré son départ. L’effet escompté est arrivé puisque la communauté a annoncé son prochain départ. Tous les parents d’enfants ne résident plus dans la communauté parce qu’ils sont en infraction avec la législation française ou au moins s’exposent à des poursuites pénales donc ont fait le choix de quitter la France.

Dans un tract distribué dans les boîtes aux lettres des communes autour de Sus la communauté Tabitha’s Place s’adresse à ses “Chers voisins” pour leur annoncer que les , leur autre nom, , écrivent les membres de la communauté. ”C’est dommage qu’ils ne se soient pas présentés” a commenté la présidente du tribunal de Pau qui a rappelé qu’en plus, cette année, “les membres de la secte de Sus ont affiché la volonté de partir parce que la justice empêchait une vie en communauté“. “Ils se moquent du monde” a réagi l’avocate qui défendait les victimes, Me Patricia Cocrelle. Cette dernière a rappelé que les parents devaient protéger les enfants et leur prodiguer un savoir auquel ils ont droit pour devenir des adultes.

Les enfants sont déjà partis

Un enseignement exclusivement basé sur l’Ancien Testament

Le maire de Sus, Jean-Paul Lendre confirme avoir reçu en début de semaine des représentants de la communauté. Ils lui ont indiqué leur départ sans donner de date ni de destination. Selon l’élu, il n’y a plus que des adultes dans le manoir de Sus. dans une autre communauté de la secte pour contourner la décision de justice qui leur imposait d’être scolarisés normalement. La secte invite les habitants à des portes ouvertes le 30 avril pour participer à des tables rondes avant leur départ. La communauté n’a pas souhaité répondre à nos questions.À Sus, leurs enfants étudient sur des manuels où tous les textes viennent de la Bible, notamment le français. Aucun texte de littérature, aucune référence externe. Les enquêteurs ont constaté des lacunes chez les enfants dans les matières du socle commun, et surtout le fait que les petits n’ont pas de libre arbitre, pas d’argumentation personnelle.

Les parents, quand ils ont été entendus, ont expliqué que ce qui était enseigné dans la communauté correspondait à leurs croyances, à leurs préceptes. Leur avocate, Me Fitas, redoute qu’ils soient condamnés pour l’exemple : “Je ne voudrais pas qu’aujourd’hui on fasse le procès de ce qu’on a pu rater par le passé dans cette communauté.”

Punis avec une baguette en osier sur les doigts ou les fesses

Le départ annoncé de la secte de Tabitha’s Place laisse l’impression qu’il faut juger tout ce qui les concerne. Une autre affaire a été jugée ce jeudi. Il s’agit d’une mère qui a puni des enfants avec une baguette en bois. Les petits présentaient des brûlures aux mains et aux fesses. “Pas vraiment une punition mais un acte d’amour” auraient dit certains parents.

La prévenue aurait déclaré que les enfants punis disaient même merci après avoir été frappés. Pour ce dossier, le parquet a requis quatre mois de sursis. Concernant la scolarité illégale, le procureur a requis six mois de prison avec sursis et une amende de 1.000€, la même peine qui avait été prononcée en juin 2021. Le tribunal rendra sa décision le 7 septembre.

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